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Les cérémonies du Centenaire de
la Grande Guerre :
le moment de réveiller
l'âme de la France
Le 22 septembre dernier, une lettre ouverte
signée par huit généraux était envoyée au président de la
République pour lui soumettre trois sujets de réflexion. Ces
derniers exposaient trois requêtes dont le contenu était
susceptible de contribuer à redonner à nos concitoyens l'envie
de croire en l'avenir. Il pouvait, en effet, favoriser ou
constituer l'amorce d'un retour à une unité de la nation perdue
car aujourd'hui fracturée et malmenée par la lâcheté et la
trahison manifestées, depuis longtemps, par nos élites
politiques. Il était susceptible de restituer aux Français la
fierté d'appartenir à un grand peuple, sentiment disparu et
cependant si nécessaire pour construire l'avenir, mais
maltraité, il faut bien le reconnaître, par des discours
permanents de repentance injustifiée.
La première réflexion portait sur le sens à
donner à cette célébration du Centenaire de la Grande Guerre.
Au-delà d'une commémoration rehaussée par la présence de
nombreux chefs d'Etat étrangers qui se traduit naturellement par
un devoir de mémoire à l'égard des morts pour la patrie, et
compte tenu des circonstances à l'égard de tous les morts de la
Grande Guerre, la célébration de la victoire et la mise à
l'honneur de nos armées semblaient une évidence pour tous.
C’était, en effet, l’occasion pour la nation française d'être
rassemblée pour exalter les valeurs patriotiques qui sont le
ciment de son unité. Une vraie démocratie peut-elle d'ailleurs
exister sans patriotisme ?
La deuxième réflexion ou proposition portait sur l'importance de
témoigner à nos poilus, à l'occasion de ce Centenaire, la
reconnaissance de la nation par un geste fort qui consacrerait
ces valeurs patriotiques de courage, d'abnégation, de
dépassement de soi qui ont guidé l'engagement et le sacrifice de
nos soldats au cours de la Grande Guerre. L'attribution à titre
posthume de la Légion d'honneur peut constituer ce geste fort et
a donc été proposée au président de la République.
La troisième proposition, enfin, exprimait l'idée de faire
participer les familles – et en particulier la jeune génération
– à ces célébrations avec un portrait de leur défunt aîné honoré
par la France. Cette démarche a le mérite, outre l'instauration
d'une communion du devoir de mémoire entre générations conduite
dans le souvenir du sacrifice de nos aînés, de favoriser un
renforcement – nécessaire – de la cohésion nationale aujourd'hui
fracturée.
A quelques jours de la célébration de
ce Centenaire, face à cette requête formulée par une dizaine de
serviteurs de l'Etat et de la nation qui ont, tout au long de
leur carrière, commandé et obéi selon la formule consacrée
« pour le bien du service, l'exécution des règlements
militaires, l'observation des lois et le succès des armes de la
France » – et dont l'ambition double est de témoigner la
reconnaissance du pays à ceux qui se sont battus pour sa liberté
et de rassembler aujourd'hui les Français – le silence du
président de la République est assourdissant. Et cette absence
de réponse ne peut être comprise que comme un manque de
considération, voire du mépris, à l'égard de ceux qui portent
l'uniforme.
Car si ces trois requêtes n'ont reçu
aucune réponse, l'Elysée faisait savoir par voie de presse, le
18 octobre, qu'il n'y aurait pas de défilé ou de parade
militaire, une décision prise en accord avec l'Allemagne (sic)
ajoutant que « le sens de cette commémoration n'est pas de
célébrer la victoire de 1918, mais plutôt de rendre hommage aux
combattants qui étaient pour l'essentiel des civils que l'on
avait armés ». Par ailleurs, le président réfutait l'idée d'un
hommage rendu aux Invalides aux huit maréchaux de France qui ont
été les artisans de la victoire. Cet hommage était pourtant
inscrit dans le programme et avait d'ailleurs été annoncé le 18
septembre par deux ministres lors d'un déplacement.
On ne peut que regretter une telle
décision. Mais ces regrets ne peuvent que se transformer en
colère car, en réalité, cette décision sacrifie le sens même de
la célébration de ce Centenaire, à savoir la victoire sur un
agresseur, l'Allemagne impériale, particulièrement criminel dans
la conduite de la guerre et utilisant notamment, pour la
première fois, les gaz de combat. On pouvait donc, sans
consulter l'Allemagne – le vainqueur ne se soumet pas au vaincu
– décider à la fois de rendre hommage aux combattants et de
célébrer la victoire. Ces deux actions ne sont pas incompatibles
ni exclusives l'une de l'autre. Par ailleurs, affirmer que nos
soldats « étaient pour l'essentiel des civils que l'on avait
armés » est, d'une part révélateur d'une méconnaissance
prodigieuse de notre histoire, et constitue d'autre part une
insulte pour l'armée française qui s'est battue pour que vive la
France. De plus, en énonçant une telle ineptie, l'Elysée adopte
un discours victimaire démontrant son incapacité à comprendre
les ressorts qui animent un peuple menacé qui se défend pour sa
survie. Non, nos soldats n'ont pas été que des victimes. Ce sont
des héros. C'est précisément la raison pour laquelle la
célébration de leur victoire est légitime car méritée. Mais elle
est délibérément sacrifiée de façon incompréhensible – pour ne
pas froisser l'Allemagne – par un président de la République
ignorant de l'histoire militaire de son pays, et finalement de
son histoire tout court, sur l'autel de la bien-pensance guidée
par la repentance et d'une vision toute personnelle de l'Europe
qu'il croit pouvoir imposer seul en remplaçant la souveraineté
nationale et populaire par une énigmatique et contestable
souveraineté européenne. Se rend-il compte que son itinérance
mémorielle débute par un contresens historique puisqu'il y
célèbre la défaite de Morhange ? Par ailleurs cette itinérance
ne se décline-t-elle pas avec l'errance qui définit parfaitement
l'élite hors-sol qui nous gouverne ? En fait, le président veut
la disparition de la nation française, des nations européennes.
Et s'il est « frappé par la ressemblance entre le moment que
nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres », il démontre, en
s'attaquant violemment aux peuples européens qui se réveillent
face à la menace islamique, qu'il n'a pas fait le bon diagnostic
sur les vrais dangers qui pèsent aujourd'hui sur l'Europe et en
particulier sur la France. Car sa comparaison avec
l'entre-deux-guerres est une absurdité : les nationalismes
étaient alors expansionnistes et totalitaires ; ce qu'il
qualifie aujourd'hui de nationalisme, de populisme ou de lèpre
n'est que l'expression de l'instinct de survie des peuples et la
traduction de leur volonté de défendre leur identité et leur
souveraineté. Il serait donc bien inspiré d'écouter ces derniers
et de méditer les propos édifiants de son ministre de
l'Intérieur démissionnaire, car un chef d'Etat ne peut pas se
dérober impunément à la réalité.
Alors, sur les trois requêtes présentées au
président de la République dans la lettre ouverte du 22
septembre dernier restée sans réponse, la troisième des
propositions doit être prise en compte et réalisée par les
Français eux-mêmes capables de s'affranchir ici du seul bon
vouloir du prince. Car les familles ont toutes, parmi leurs
ascendants disparus aujourd'hui, un ou plusieurs aînés qui ont
combattu pendant la Grande Guerre, nombreux y laissant leur vie
sur le champ de bataille, d'autres sérieusement blessés avec de
terribles séquelles jusqu'à la fin de leurs jours. Ce 11
novembre 2018 doit être pour les Français l'occasion de leur
témoigner leur reconnaissance et de leur rendre un hommage digne
de leur sacrifice en marquant de manière particulière cet
événement exceptionnel que représente la célébration du
Centenaire. J'invite donc les familles françaises à se rendre
massivement, dans toute la France, au monument aux morts de leur
commune pour participer à cet hommage en portant le portrait de
leurs aïeux qui se sont battus pour que la France reste libre.
Et cet appel s'adresse plus particulièrement à celles résidant
en région parisienne pour qu'elles soient présentes sur les
Champs Elysées avec le portrait de leurs aïeux pendant la
cérémonie officielle en présence de tous les chefs d'Etat. Cette
pratique pourrait ainsi, à l'instar du « régiment des
immortels » créé en 2012 par les Russes pour célébrer la
victoire contre le nazisme, être adoptée dorénavant chaque 11
novembre, jour consacré pour rendre hommage à tous les morts
pour la France. Cela constituerait une puissante démonstration
d'unité de la nation et de fidélité à ses aïeux et à son
histoire ainsi qu'une opportunité pour réveiller l'âme de la
France aujourd'hui trahie par des élites mondialistes et
multiculturalistes.
Le 5 novembre 2018 Général (2s) Antoine MARTINEZ
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